On s’en moque, on humilie leurs propos à ces fichus hypocondriaques ! Parce qu’ils nous barbent, parcequ’il nous parait illogique, idiot et absurde de se montrer effrayé par le moindre bobo, la moindre sensation ou le moindre renflement ici ou là sur le corps.
On essaie de les raisonner, de les rassurer et puis on fini par ne plus les écouter…
Ils sont lassant ces hypocondriaques.
Il semble évident à quelqu'un de « normalement constitué », quelqu'un qui s’aime et qui n’a pas peur à outrance de tout et n’importe quoi, qu’une explication rationnelle vient à bout de toute angoisse inappropriée.
Rien ne vient vraiment à bout d’une angoisse hypocondriaque…
Cela revient tout le temps, comme un gimmick de psychologie basique. On se l'entend dire: " tu ne t'aimes pas" , on se le dit aussi, au cours de quelques aveux plein de sanglots.
-"Non, je ne m'aime pas..."
On l'entend , on le sait et puis on passe à autre chose...On cherche des solutions partout , comme si la réponse se trouvait ailleurs que dans l'évidence. Comme si cela avait été trop simple de simplement se dire " je t'aime" avec la foi de l'enfance pour que tout nos démons s'évanouissent comme par magie.
De toutes façons, c'est impossible... comment se persuader de quelque chose auquel on ne veut pas croire?
Et après des mois, des années et des décennies souvent à arpenter les thérapies et les méthodes, on en revient à ce coin de labyrinthe devant lequel nous sommes passé maintes et maintes fois. On se souvient de toutes les moqueries à l'égard des " simples d'esprits " qui nous serinaient que cette voie est LA VOIE. On se souvient également des cul-de-sac en bout de thérapie... des regards entendus des spécialistes, des proches, des ennemis parfois, et qui tous nous ramènent à cet état de fait:
"Si tu ne t'aimes pas , comment veux-tu guérir?"
Des siècles d'abrutissement religieux et sectaires, des siècles de poésie obscure, de philosophie pour en arriver là?
Cela serait donc si simple?
L'être humain est ainsi fait qu'il est capable de grandes prouesses intellectuelles et qu'il est résistant au stress, adaptable aux situations et aux défis les plus incroyables, mais qu'il ne sait pas simplement s'aimer.
J'ai eu vent de certaines personnes qui préfèrent de loin s'astreindre à une discipline physique ou une morale insoutenable, plutôt que de rester une minute devant la glace en provoquant un "je t'aime " de ce monstre "nous -même" , tapis au fond du reflet du miroir.
Et puis cette dérive insensée du modèle judéo- chrétien qui nous rabâche des valeurs d'amour et de don de soi ( pour l'Autre) , des valeurs de déni de soi au profit de l'humanité... de sacrifice... d'abandon héroïque de notre carcasse inutile et de notre âme vouée à une plus haute fonction que de se servir elle même en premier lieu . On se souvient aussi des quelques mégalomanes qui se sont saisit du " il faut que je m'aime " pour justifier leur égocentrisme maladif, se transformer en machine auto-érotomane compulsive, qui non contents de s'accorder un regard de tendresse, en arrive à se désirer totalement et exclusivement.
Doutez-vous bien que l'amour de soi , ce n'est pas cela.
Au pire oubliez tout ceci , au mieux: amusez-vous- en ( ou l'inverse ^^)
Un autre vilain clou qui frôle la culpabilisation soufflerai qu'il est totalement impossible d'aimer les autres véritablement si l'on est incapable de s'aimer soi-même. Et pour illustration:
Combien de fois entendons-nous ces mères âgées outrées par l'ingratitude de leurs enfants, alors que pourtant: nom d'un chien, elles leurs ont TOUT donné, qu'elles leur ont consacré leurs vies...
Allons bon ,comment quelqu'un pourrait-il se retourner contre toutes les valeurs dont il a eu exemple par le déni de valeur de sa propre mère, quelqu'un à qui l'on a enseigné par l'exemple de notre vie , pendant toute la durée de son enfance , de sa jeunesse et de sa vie de jeune adulte, que l'existence d'une seule personne peut être niée, abandonnée aux autres, sacrifiée ? Faudrait-il que par un miracle tombé dont on ne sait quelles nues, cette personne abandonnée d'elle même sur une vie entière devienne subitement digne d'égards?
Les enfants apprennent fort bien les leçons... hélas dirai- je ,car nous sommes bien souvent ignorants du l'impact de notre faiblesse dans la construction de leurs psyché.
Et malgré toute la cruauté et la crudité de ce constat: ON PEUT JUGER UN ARBRE A SES FRUITS